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Dernière modification le 01 mai 2008


Définitions

Exotique, allochtone, indigène, invasion, envahissante, invasive ... : des définitions pour clarifier les termes.


Espèce : La définition de l’espèce a fait l’objet de nombreuses discussions scientifiques tout au long de l’Histoire. La première définition employée par Linné au XVIII ème siècle était intuitive : "appartiennent à la même espèce tous les êtres vivants qui se ressemblent suffisamment pour recevoir le même nom".
D’après Ernst Mayr (1): les espèces sont des groupes de populations naturelles dont les individus peuvent se reproduire entre eux et qui sont isolées d'un point de vue reproductif d’autres groupes semblables. C’est le concept biologique de l’espèce.

Le nom scientifique d’une espèce comprend le nom de genre en latin, le nom d’espèce en latin, le nom de l’auteur de la description et l’année de la description. Par exemple, le nom scientifique du Rat musqué est Ondatra zybethicus (Linné, 1766). La présence de parenthèses, dans cet exemple, indique que Linné a décrit le Rat musqué en 1766 sous un autre nom de genre (Castor zibethicus) mais qu’une révision systématique a modifié cette première affectation. Quand au nom Rat musqué, il s’agit d’un nom vernaculaire français désignant l’espèce.
Le nom scientifique a une portée internationale et est utilisé officiellement dans toute publication. Il a également l’avantage d’être unique, ce qui évite les confusions entre les différentes espèces.
Par exemple, le Lion et le Tigre, qui appartiennent tous les deux au genre Panthera, constituent biologiquement parlant deux espèces distinctes: Panthera leo et Panthera tigris. Ils peuvent avoir une descendance mais celle-ci n’est pas fertile.

Le concept d’espèce a cependant des limites : les cas d’hybridation fertile sont nombreux, surtout chez les plantes. Il est aussi difficilement applicable aux microorganismes chez qui les échanges de matériel génétique sont fréquents entre espèces différentes.

Population : Selon Frontier (2), une population est un ensemble d’individus d’une même espèce vivant sur un même territoire et se reproduisant entre eux. Les populations peuvent être séparées par des limites géographiques (populations des montagnes), environnementales (populations urbaines, périurbaines...). Les différences génétiques entre des populations d’une même espèce peuvent être notoires du fait de leur isolement géographique. Toutefois, le croisement entre les populations d’une même espèce mises en contact est toujours possible et les descendants sont toujours fertiles, car ils font partie de la même espèce. Ces croisements peuvent se faire par le biais d’individus migrateurs.
Ce concept est une définition plus moderne de la notion d’espèce, considérée alors comme un complexe de populations qui échangent des gènes.

Aire de répartition : l’aire de répartition naturelle est le territoire occupé naturellement par l’ensemble des populations d’une espèce sur la planète.

Espèce autochtone : il s’agit d’une espèce qui est présente sur son aire de répartition naturelle et s’y reproduit. Elle y est encore actuellement présente, disparue ou peut être réapparue après une disparition temporaire.
Selon l’Invasive species specialists group (ISSG) de l’Union mondiale pour la conservation de la nature (UICN), les espèces qui augmentent leur aire naturelle de répartition sans l’intervention de l’Homme sont autochtones même si cet accroissement est généralement induit par une modification du milieu par les activités humaines. L’UICN parle d’aire de dispersion potentielle.

Espèce allochtone : à l’inverse d’une espèce autochtone, une espèce allochtone est une espèce qui est présente hors de son aire de répartition naturelle ( A) et y forme des populations pérennes. D’après l’UICN, les espèces allochtones sont des espèces qui ont été introduites par l’Homme dans une nouvelle aire géographique.

Espèce introduite : l’homme, dans ces migrations, a transporté avec lui des espèces animales, végétales, microbiennes… qui se sont installées sur les territoires que celui-ci a explorés. Ces espèces ont donc été introduites sur de nouveaux territoires hors de leur aire de répartition initiale.
Les introductions d’espèces peuvent être non intentionnelles : des individus sont transportés accidentellement et à l’insu de l’Homme dans une cargaison de bateau par exemple.
Les espèces commensales, c'est-à-dire celles qui trouvent dans l’entourage de l’homme les ressources nécessaires à leur survie, peuvent accompagner les explorations humaines et s’introduire ainsi dans de nouveaux territoires : le Rat surmulot a colonisé par ce processus une bonne partie de la planète.
Les introductions sont aussi volontaires, dans un but d’élevage par exemple (le Ragondin).

Invasion biologique : d’après Williamson (3), une invasion biologique survient quand un organisme ou un groupe d’organismes parvient en dehors de son aire de répartition initiale.
Pascal et ses collaborateurs (4) considèrent l’invasion biologique comme l’accroissement durable de l’aire de répartition des populations d’une ou plusieurs espèces et complètent cette définition en ajoutant qu’il peut aussi bien s’agir de phénomènes naturels (invasions biologiques spontanées) ou dus à l’homme (introduction volontaire ou fortuite).
L’espèce réalisant une invasion doit pouvoir se multiplier sur le territoire qu’elle colonise sans intervention de l’homme. Elle forme alors une ou des populations pérennes.

Espèce envahissante : c’est une espèce qui a agrandi son aire de répartition naturellement où à la suite d’une modification anthropique ou naturelle du milieu. Elle peut être autochtone ou allochtone de la zone considérée.

Espèce invasive : selon la définition adoptée sur ce site, une espèce est dite invasive si elle réalise trois conditions : -) c'est une espèce introduite, intentionnellement ou non, dans un territoire qui se situe hors de son aire de répartition naturelle, -) c'est une espèce qui se multiplie sur ce territoire, sans intervention de l'homme, et y forme une population pérenne, -) c'est une espèce qui constitue un agent de perturbation des activités humaines ou nuit à la diversité biologique (4,A). Une espèce invasive est donc une espèce introduite, envahissante et perturbatrice. L’UICN élargie la définition d’espèce invasive à toute espèce qui, s’étant établie dans un nouveau domaine géographique pour elle, y est un agent de perturbation et nuit à la diversité biologique. Ce sont généralement des espèces introduites mais pas uniquement.

Une espèce peut être invasive en un lieu donné et ne pas être invasive sur son aire de répartition initiale. Le phénomène d’invasion biologique concerne donc des populations (des sous ensembles) et non l’ensemble de l’espèce.

Les botanistes utilisent des termes complémentaires pour qualifier le caractère invasif de telle ou telle espèce.
Espèces invasives avérées : ce sont des plantes allochtones montrant actuellement un caractère invasif avéré dans le territoire considéré. Ce caractère se traduit par une dynamique d’extension rapide de ces plantes dans leur territoire d’introduction. Celles-ci forment localement des populations denses, souvent bien installées, qui se maintiennent par reproduction sexuée ou multiplication végétative.
Ces espèces peuvent produire des changements significatifs de composition, de structure et/ou de fonctionnement des écosystèmes, des problèmes graves à la santé humaine ou encore causer des préjudices à certaines activités économiques.

Espèces invasives potentielles : ce sont des espèces allochtones qui ne présentent pas actuellement de caractère invasif avéré dans le territoire considéré, mais dont la dynamique dans des régions limitrophes ou climatiquement proches, laisse penser qu’elles risquent néanmoins de devenir à plus ou moins long terme des invasives avérées. Ces plantes se maintiennent par reproduction sexuée ou multiplication végétative.
La présence d’invasives potentielles sur le territoire considéré justifie une forte vigilance et peut nécessiter des actions préventives.

Espèces à surveiller : ce sont des espèces allochtones qui ne présentent actuellement pas (ou plus) de caractère invasif avéré dans le territoire considéré pour les milieux naturels ou semi-naturels. Toutefois, la possibilité de développer un caractère invasif dans ces milieux n’est pas totalement écartée, compte tenu notamment du caractère invasif de ces plantes dans d’autres régions du monde.
La présence de telles plantes sur le territoire considéré nécessite une surveillance particulière.

Ces définitions sont abordées de manière plus précise et plus complète dans le document du Conservatoire botanique national de Brest: " Liste des plantes introduites envahissantes (plantes invasives) de Bretagne - Plantes vasculaires". Ce document est validé par le Conseil scientifique régional du patrimoine naturel (CSRPN).

Invasive ou envahissante ? les deux termes désignent la capacité d’une espèce à accroître son aire de répartition. Le terme invasif (ou invasive) est initialement employé dans la langue anglaise. En France, il est utilisé depuis les années 1970 en particulier dans le domaine médical (méthodes d’investigation invasives). La langue française utilise donc les deux termes, mais avec une signification différente (voir définitions précédentes).

Rédigé par Fabrice Pelloté (Inra) en collaboration avec Philippe Clergeau, Michel Pascal, Olivier Lorvelec (Inra), Jacques Haury (Agrocampus-Inra) et Sylvie Magnanon (CBNB).

Synthèse concernant les définitions :

Thévenot J. & coords. 2013. Synthèse et réflexions sur des définitions relatives aux invasions biologiques. Préambule aux actions de la stratégie nationale sur les espèces exotiques envahissantes (EEE) ayant un impact négatif sur la biodiversité. Museum national d’Histoire naturelle, Service du Patrimoine naturel. Paris. 31p.

Références citées :

1 : Mayr E., 1974. Populations, espèces et évolution. Herman.
2 : Frontier S., 2004.Ecosystèmes : structure, fonctionnement, évolution. 3 ème édition, Dunod.
3 : Williamson M., 1996. Biological invasions. Cornwall, Chapman and Hall.
4 : Pascal M., Lorvelec O., Vigne J.-D., Keith P. & Clergeau P. (coordonnateurs), 2003. Évolution holocène de la faune de Vertébrés de France : invasions et disparitions. Institut National de la Recherche Agronomique, Centre National de la Recherche Scientifique, Muséum National d'Histoire Naturelle. Rapport au Ministère de l'Écologie et du Développement Durable (Direction de la Nature et des Paysages), Paris, France. Version définitive du 10 juillet 2003 : 381 pages.

Le site de l’Invasive species spécialists group (ISSG) de l’Union mondiale pour la conservation de la nature (UICN) : www.issg.org