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Dernière modification le 05 mai 2008


Le Vison d'Amérique (Mustela vison)

Vison d'Amérique

Introduit en France au début du XXème siècle, le Vison d’Amérique, Mustela vison, Schreber, 1777, n’est apparu que récemment en Bretagne à la suite du développement de son élevage intensif. Ce mammifère semi-aquatique a pourtant colonisé l’ensemble de notre région au point de susciter des inquiétudes au sujet de son influence sur les écosystèmes locaux. Si les études sur ce mammifère et des mesures de gestion de ses populations sont expérimentées dans d’autres régions, leur mise en place tarde encore en Bretagne.


Description, origine et répartition

Le Vison d’Amérique est un mammifère carnivore de la famille des Mustélidés : il appartient à la même famille que le Putois d’Europe, le Vison d’Europe, la Loutre qui sont également liés à des degrés divers aux milieux aquatiques…

Au sein des populations bretonnes, le mâle adulte pèse en moyenne 1 400 g et la femelle 745 g. Les Visons américain et européen possèdent une tâche blanche sur leur museau. Celle-ci se prolonge jusqu’à la lèvre supérieure sur le Vison d’Europe, ce qui n’est pas le cas pour le Vison d’Amérique. La durée de vie moyenne est de 5 ans.

Habitat

Le Vison d’Amérique est un mammifère semi-aquatique. Il construit son terrier à proximité ou en bordure de rivière, des lacs, des marais. Son territoire s’étend sur une longueur de 1 à 6 km le long de cours d’eau et peut comporter plusieurs tanières. Celles-ci se situent dans les grottes à proximité de l’eau mais aussi dans les arbres, les buissons, les réseaux racinaires ou les terriers de lapin qu’il peut modifier à sa convenance.

Le Vison d’Amérique peut très bien vivre à proximité des zones urbaines pourvu que la couverture végétale et les proies soient suffisamment abondantes ( A).

Régime alimentaire

Le Vison d’Amérique a un régime carnivore. C’est un prédateur opportuniste qui se nourrit aussi bien d’oiseaux, d’oeufs, de rongeurs. Aussi, son régime alimentaire varie selon les saisons, l’abondance des proies et d’un individu à l’autre et le type d’habitat exploité. Ce large spectre alimentaire lui permet de s’adapter facilement aux changements des conditions du milieu.

Reproduction

La période de reproduction a lieu entre mars et juin. Les mâles se colorent alors d’un pelage jaunâtre sous l’influence des sécrétions cutanées. Les femelles en chaleur sont reconnaissables à la teinte rosée qui orne leurs organes génitaux.

Les Visons d’Amérique qui vivent en Bretagne engendrent une portée par an. Chaque portée est constituée par quatre petits en moyenne. La gestation dure quarante deux jours environ et les parents prennent soin des petits huit semaines après leur naissance.

Introduction et répartition

L’aire de répartition initiale du Vison d’Amérique englobe le sud du Canada et la majeure partie des Etats-Unis. Il a été introduit en France en 1926 afin de satisfaire les activités de pelleterie et de fourrure ( 1) . Cette industrie installée dans l’est de la France déclina rapidement pour connaître un regain d’intérêt à la fin des années 1950. On délocalisa alors les principaux élevages vers l’Ouest où une abondante source de nourriture était disponible. Constituée par les sous produits d’abattoirs et de la mer, elle permit d’alimenter de grandes visonnières pouvant compter plusieurs dizaines de milliers de femelles reproductrices.

Le développement et le déclin des visonnières au cours des années 1980 s’accompagnèrent de la libération plus ou moins volontaire de nombreux Visons dans la nature. Depuis, il existe en Bretagne une forte population de Vison d’Amérique dont le développement se poursuit actuellement vers les régions limitrophes (Pays de la Loire et Basse Normandie).

Impacts sur le milieu, les écosystèmes, les activités humaines

Les impacts en France et en Bretagne n’ont pas été estimés à l’heure actuelle. Cependant, d’après les experts de l’ ISSG, les études menées au Royaume-uni montrent que le Vison d’Amérique a un impact relativement fort sur les écosystèmes. Son régime alimentaire opportuniste lui permet de s’attaquer aux oiseaux nichant au sol, aux oiseaux marins, aux populations de salmonidés, au Campagnol amphibie (Arvicola sapidus), mammifère en voie de disparition.

Le Vison d’Amérique a également un impact sur les mammifères occupant le même milieu que lui. Aussi, certains lui attribuent la raréfaction du Vison d’Europe, déjà victime de la destruction de son habitat.

Le centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies à Stockholm (l' ECDC) a identifié les mustélidés comme étant des porteurs du virus de l’influenza. De plus, le Vison d’Amérique est un vecteur important de la maladie aléoutienne. Cette infection, provoquée par un virus a été détectée en France en 1967. Elle se manifeste par un amaigrissement des animaux touchés, une baisse de leur fertilité et finalement la mort. Le Vison d’Amérique l’aurait transmise aux différentes populations de Mustélidés présentes en France, telles le Putois d’Europe, le Vison d’Europe amplifiant davantage la disparition de ce dernier.

Le Vison d’Amérique constitue également un danger important pour la survie des colonies d’oiseaux marins. Dans son observatoire 2003 des Sternes de Dougall ( 2) , l’association Bretagne Vivante relate la fréquentation de colonies insulaires de cet oiseau par le Vison d’Amérique. Un seul de ces passages sur les îles du Trégor Gouëlo a suffit pour provoquer la perte de 40 Sternes.

Gestion des population de Vison d'Amérique

En 2001, dans le Sud-Ouest, le Groupe de recherche et d’étude pour la gestion de l’environnement (Grege) a effectué un suivi de la population de Vison d’Amérique ( 3) . Cette opération s’inscrit dans le cadre du plan national pour la restauration du Vison d’Europe. Les membres de ce réseau ont ainsi piégé de nombreux mustélidés dans la région Aquitaine afin de pratiquer des tests de dépistage de la maladie aléoutienne.

Les visons d’Amérique sains ont été stérilisés et relâchés dans le milieu naturel. Cette pratique empêche la reproduction des Visons mais conserve leur instinct territorial, ce qui évite l’installation de nouveaux individus dans la zone ( B).
En Bretagne, aucune opération de ce type n’a été menée.

Cependant, le Vison d’Amérique est classé nuisible dans les quatre départements bretons ( C). A ce titre, la capture des individus vivants est autorisée toute l’année. Ce sont des associations de piégeurs agréées qui, sur le terrain, gèrent les captures de Vison d’Amérique. Bien souvent, ces captures sont dirigées vers d’autres espèces nuisibles telles que le Ragondin ou le Rat musqué. En outre, les animaux doivent être capturés vivants afin de les relâcher s’ils ne correspondent pas aux espèces visées (Loutre, Vison d’Europe). Pour cela, les piégeurs utilisent des cages-pièges. Le bilan annuel des captures est ensuite transmis aux Fédérations départementales des chasseurs.

En supplément de cette gestion annuelle, les Fédérations départementales de lutte contre les ennemis des cultures organisent la lutte ponctuelle contre les différents ravageurs des cultures (oiseaux, insectes, mammifères). Aussi, le Vison d’Amérique est souvent capturé à ces occasions même s’il n’est pas initialement visé.

Le tableau suivant montre le nombre de captures de Vison d’Amérique dans les différents départements bretons par les Fédérations départementales de la chasse.

 

2002/2003

2003/2004

2004/2005

2005/2006

Côtes d'Armor

65

105

102

89

Finistère

641

323

311

201

Ille-et-Vilaine

11

9

3

3

Morbihan

184

217

201

186

Données : Aline Bifolchi, Université d’Angers. L’effort de capture n’est pas précisé.

Les animaux capturés sont immédiatement euthanasiés.

Dans le cadre de l’observatoire Sternes de Bretagne ( 2), l’association Bretagne Vivante a réalisé des piégeages de prédateurs indésirables sur les îles bretonnes concernées par le projet. Le Vison d’Amérique est donc étroitement surveillé par les bénévoles de l’association qui tentent de limiter les dégâts causés par ce prédateur sur les colonies d’oiseaux marins.

En outre, le programme Life « Sternes de Dougall » ( D) prévoit le contrôle des prédateurs des Sternes de Dougall sur les îlots bretons. Ce programme financé par les fonds européens se déroule de 2005 à 2010.

Perspectives et recherche

En Angleterre, les chercheurs du Centre for life sciences modelling de l’université de Newcastle( 4) viennent de publier une étude dont les résultats montrent que certaines périodes de l’année sont plus propices que d’autres pour la capture et le contrôle des populations de Vison d’Amérique. Leurs conclusions attirent également l’attention sur le fait que le contrôle du Vison d’Amérique augmente la survie du Campagnol amphibie.

Une autre étude britannique émanant du Wildlife conservation centre d’Oxford ( 5) montre que la réapparition de la Loutre dans les écosystèmes aquatiques permet de réguler le nombre de Visons d’Amérique et de protéger ainsi la faune autochtone.

Une étude menée par l’université d’Angers tente actuellement de caractériser les déplacements des populations de Vison d’Amérique, d’en déterminer la structuration génétique et d’en mesurer les impacts sur l’ensemble de la région Bretagne.

Ces études récentes constituent autant de pistes de réflexion qui permettraient d’élaborer un plan de gestion des populations de Visons d’Amérique en Bretagne, avec en toile de fond une amélioration de la qualité des milieux aquatiques.

Rédigé par Fabrice Pelloté en collaboration avec Michel Pascal, Olivier Lorvelec, Philippe Clergeau (Inra), Aline Bifolchi (Université d'Angers).

Références citées

Ouvrages et publications

1. Pascal M., Lorvelec O., Vigne J.-D., 2006. Invasions biologiques et extinctions. 11 000 ans d'histoire des vertébrés en France. Editions Belin Editions Quae, 350 pages qui est une mise à jour du rapport ( téléchargement) :
Pascal M., Lorvelec O., Vigne J.-D., Keith P. & Clergeau P. (coordonnateurs), 2003. Évolution holocène de la faune de Vertébrés de France : invasions et disparitions. Inra, CNRS, MNHN. Rapport au Ministère de l'Écologie et du Développement Durable (Direction de la Nature et des Paysages), Paris, France. Version définitive du 10 juillet 2003 : 381 pages. (rennes.inra.fr/scribe/document/rapport.pdf)
2. Le Névé A. 2007. Sternes de Bretagne: observatoire 2003. Bretagne Vivante.
3. Fournier C., Fournier C., and Leger F. 2002. Bulletin d'information du plan national de restauration du Vison d'Amérique. Vison Infos DIREN Aquitaine(2). Groupe de recherche et d'étude pour la gestion de l'environnement.
4. Bonesi L., Rushton S., and Macdonald D. 2007. Trapping for mink control and water vole survival: Identifying key criteria using a spacially explicit individual based model. Biological Conservation 136, 636-650.
5. Bonesi L., Strachan R., and Macdonald D. 2006. Why are there fewer signs of mink in England? Considering multiple hypothesis. Biological Conservation 130, 268-277.

Sites internet

A : L’Invasive species specialists group de l’UICN


B : La société française pour l’étude et la protection des mammifères


C : Les Fédérations départementales de la chasse mentionnant les arrêtés préfectoraux relatifs aux espèces nuisibles:
www.chasseurs-finistere.fr/
www.fdc35.com/

D : Le site du programme Life « Sterne de Dougall »

Autres sites:

Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies

Diren Aquitaine : le Vison d’Europe et téléchargement de Vison info