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Dernière modification le 05 mai 2008


Le Raton laveur (Procyon lotor)

Le Raton laveur

Le Raton laveur, Procyon lotor (Linné, 1758), tout comme le Vison d’Amérique a été introduit en France pour les besoins de l’industrie de la fourrure. En Bretagne, son origine est encore douteuse et les rencontres avec cet animal sont fréquentes, ce qui laisse supposer le potentiel d’invasion de l’espèce.


Description, origine et répartition

Le Raton laveur est un mammifère dont la taille varie entre 65 et 96 cm. Il est facilement reconnaissable au masque noir qui orne son visage et à sa queue annelée d’une longueur comprise entre 20 et 27 cm. Son pelage varie du gris au noir. Les adultes pèsent de 5 à 12 kg.

Habitat

Dans son aire d’origine, le Raton laveur est un mammifère nocturne qui fréquente essentiellement le milieu forestier et agricole. Cependant, il affectionne la proximité des milieux aquatiques (rivières, marécages) qui lui procurent une source de nourriture. Sa capacité d’adaptation lui permet également de fréquenter les milieux urbains.
Le Raton laveur utilise des abris divers comme des terriers existants, des arbres creux. Dans les zones urbanisées nord-américaines, il n’hésite pas à s’installer des les granges ou les hangars.
Dans les régions froides, l’animal vit au ralenti pendant l’hiver sans vraiment hiberner alors que dans les régions méridionales il est actif toute l’année.


Régime alimentaire

Le Raton laveur est omnivore. Il se délecte au printemps de nourriture carnée comme l’écrevisse. En été, sa préférence s’oriente vers les fruits. En automne, le Raton laveur effectue des provisions en prévision de l’hiver. Il s’alimente alors avec du maïs, des glands, des faines.
En milieu urbanisé, il trouve une abondante source de nourriture dans les poubelles et plus généralement autour des habitations qu’il n’hésite pas à visiter.


Reproduction

Selon le climat, la reproduction a lieu en hiver de fin janvier à fin février. Les petits naissent au mois de mai par portée de 1 à 7 individus après une gestation de deux mois environ. Dans les régions méridionales, la reproduction peut même avoir lieu toute l’année, mais dans ce cas, les portées sont plus petites.
Les petits sont sevrés à l’âge de huit semaines mais les femelles s’en occupent encore pendant un certain temps. L’unité familiale est conservée pendant environ un an. Les jeunes mâles s’éloignent ensuite de la zone alors que les femelles peuvent rester proches de leur lieu de naissance.
La reproduction de cette espèce est relativement facile car elle est opportuniste et peu exigeante en matière de nourriture.

Son introduction ( 1)

L’aire initiale de répartition du Raton laveur s’étend du sud du Canada jusqu’au Panama. Cette espèce fut introduite dans les années 1920 essentiellement en Allemagne à la grande époque de la pelleterie et de la fourrure. La France comptait également à cette époque 5 élevages dont un situé dans le département du Finistère.

En France, le premier individu sauvage fut capturé en 1934 dans l’est, issu non pas d’un élevage français mais d’un élevage allemand. Celui-ci n’engendra pas de population pérenne et il fallut attendre les années 1970 pour que de nouveaux individus venus d’Allemagne s’installent en France. De plus, de nombreux Ratons laveurs étaient détenus en tant que mascottes par les troupes américaines installées dans la base de l’OTAN de Couvron dans les environs de Laon. A leur départ en 1966, les Américains relâchèrent dans le milieu naturel plusieurs individus qui engendrèrent la population actuelle de l’Aisne.

En Bretagne, les premières observations de Raton laveur dans la nature datent de 1998. Dix-sept individus furent capturés entre 1998 et 2002 dans les quatre départements bretons. La zone où les observations ont été les plus fréquentes se situe au sud de la Bretagne à la frontière entre le Morbihan et le Finistère. Cependant, les chasseurs et les agriculteurs ont rencontré le Raton laveur en quelques points des Côtes d’Armor et de l’IIle-et-Vilaine, ce qui laisse penser que ce mammifère est présent sur l’ensemble de la région.
François Léger de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage s’interroge sur la provenance de ces animaux en Bretagne. Il pense que ceux-ci seraient originaires de parcs zoologiques ou de particuliers par qui ils étaient détenus en tant qu’animaux de compagnie. Il n’y aurait donc pas de lien avec les populations de Ratons laveurs sauvages de l’est de la France.
Les quelques Ratons laveurs sauvages observés en Bretagne laissent supposer le fort potentiel de colonisation des milieux par l’espèce, d’autant plus que notre région n’est pas la seule concernée par son développement.

Impacts sur le milieu, les écosystèmes, les activités humaines


A ce jour, aucun impact sur les écosystèmes d’accueil n’est connu. Cependant, le Raton laveur, dans son milieu d’origine, occasionne des dégâts importants sur les cultures de maïs et les animaux de basse-cour. Dans le Morbihan, plusieurs spécimens ont été trouvés pris au piège dans les poulaillers, cherchant à s’alimenter avec des proies faciles ( 2).
Ce mammifère est également utilisé comme animal de compagnie dans certains foyers ( 3). En effet, le Raton laveur s’apprivoise facilement mais les mâles deviennent agressifs avec l’âge. C’est la raison qui pourrait pousser leur détenteur à s’en débarrasser dans la nature.

De plus, en Amérique, le Raton laveur est reconnu pour être un vecteur du virus de la rage qu’il pourrait transmettre aux animaux domestiques et à l’homme ( A).

Gestion des populations de Raton laveur


Actuellement, aucune mesure de gestion n’a été mise en place en Bretagne. Les Ratons laveurs sont généralement capturés dans des cages destinées à la prise de ragondins ou tirés par les chasseurs.


Perspectives et recherche

Il n’existe pas à l’heure actuelle d’étude sur la biologie des Ratons laveurs introduits en Bretagne. Leurs effectifs sont peu connus et la dynamique des populations française et bretonne n’est pas précisément documentée. En outre, aucune étude n’est actuellement en cours pour évaluer précisément les impacts de la population de Raton laveur en Bretagne.

Rédigé par Fabrice Pelloté (Inra) en collaboration avec Michel Pascal, Olivier Lorvelec et Philippe Clergeau (Inra).

Références citées

Publications scientifiques

1. Pascal M., Lorvelec O., Vigne J.-D., 2006. Invasions biologiques et extinctions. 11 000 ans d'histoire des vertébrés en France. Editions Belin Editions Quae, 350 pages qui est une mise à jour du rapport ( téléchargement) :
Pascal M., Lorvelec O., Vigne J.-D., Keith P. & Clergeau P. (coordonnateurs), 2003. Évolution holocène de la faune de Vertébrés de France : invasions et disparitions. Inra, CNRS, MNHN. Rapport au Ministère de l'Écologie et du Développement Durable (Direction de la Nature et des Paysages), Paris, France. Version définitive du 10 juillet 2003 : 381 pages. (rennes.inra.fr/scribe/document/rapport.pdf)
2. LEGER F. 2002. Observation du Raton laveur (Procyon lotor) en Bretagne. Penn Ar Bed 187, 14-19.
3. LEGER F. 2000. Des observations de Raton laveur dans le département du Morbihan.

Sites internet

A: Site de la ville d'Ottawa sur la rage du Raton laveur