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Dernière modification le 15 juin 2010


Insulaires

On ne peut considérer les introductions et les invasions biologiques à l'échelle de la Bretagne sans faire un point sur les îles bretonnes et les problèmes que leur faune et flore rencontrent quand certaines espèces y débarquent et s’installent.


Les côtes bretonnes sont riches de près de 1 000 îles et îlots. Proches du continent et accessibles à marrée basse ou éloignées, petits îlots recouverts d'une maigre végétation ou grandes îles fortement anthropisées, leur caractéristique commune est d'offrir une biodiversité remarquable et spécifique par rapport au continent.

Cinq espèces mammaliennes allochtones de France ont envahi les îles bretonnes :
le rat noir (Rattus rattus),
le rat surmulot (ou Rat d'égout, Rattus norvegicus),
la souris grise (Mus musculus),
Le vison d’Amérique (Mustela vison),
la crocidure musette (Crocidura russula)
le lapin de Garenne (Oryctolagus cuniculus)
le ragondin (Myocastor cyopus).

Par allochtone, nous entendons une espèce qui ne fait pas partie du peuplement il y a onze millénaires.
La crocidure musette (musaraigne) est arrivée en France il y a 6 000 ans en traversant les Pyrénées et en envahissant spontanément le territoire. Etant arrivée post 11 000 ans elle est considérée comme allochtone de la faune française.
La souris grise aurait conquis la (future !) France au milieu du premier millénaire avant JC.
La présence du rat noir est attestée sur le continent ouest européen hors zone méditerranéenne que depuis le 1er siècle après JC.
Le rat surmulot est parvenu en France qu’au 18ème siècle (actuellement, le plus vieux reste de l’espèce a été trouvé dans une fouille parisienne datée de 1750).
L'histoire de l'introduction du vison d'Amérique en France est bien documentée : relachés ou échappés d'élevage depuis le XVIIIe.

Ces petits mammifères atteignent les îles de différentes façons : par leurs propres moyens, à la nage, lors d'échouage ou de naufrage de navires, ou en utilisant les transports mis à sa disposition par l'Homme, transport de nourriture et de matériel. Ils sont ainsi introduits fortuitement sur les îles. Le lapin de Garenne est un cas particulier : il a été introduit volontairement comme ressource alimentaire pour les iliens mais aussi comme réservoir de gibier à réimplanter sur le continent.

L'impact de la souris ou de la crocidure sur les îles, peu étudié, est peu visible et concernerait surtout les invertébrés.
Il en est tout autre pour les deux espèces de rats et le vison. Ainsi, insectes, mollusques, petits passereaux, couvées et nichées d’oiseaux marins subissent de manière très forte la prédation de ces rongeurs ou des interactions négatives (cas documentées sur les musaraignes dont les populations chutent après introduction du rat mais sans prédation directe connue).
La prédation du vison sur les colonies insulaires d'oiseaux marins peut se réveler totalement destructrice.

Quatre espèces de mammifères autochtones de France ont été introduites sur les îles et y provoquent des déséquilibres écologiques :
le lièvre d'Europe (Lepus europeaus),
le hérisson d'Europe (Erinaceus europeaus),
le furêt (Mustela putorius),
la crocidure des jardins (Crocidura suaveolens).

Ainsi, le Hérisson d'Europe est autochtone de la faune continentale de France (il y est présent depuis au moins 11 000 ans) mais est allochtone de l’île d'Ouessant où il a été introduit, délibérément, en 1992.
Comme pour le vison, la prédation du furet sur la faune insulaire est fortement dommageable aux équilibres naturels.

Rédigé par Fabrice Pelloté (Inra), en collaboration avec Olivier Lorvélec et Michel Pascal (Inra), François Siorat (GIP BE).