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Dernière modification le 01 mai 2008


Concepts

Au cours de l’évolution, les espèces animales et végétales ont toujours colonisé de nouveaux milieux d’accueil accroissant ainsi leur aire de répartition. Ces invasions biologiques représentent un phénomène naturel récemment amplifié par les activités humaines. La Bretagne n’y échappe pas et subit actuellement les conséquences des invasions biologiques sans pour autant que des méthodes de gestion à grande échelle soient mises en place.


La distribution actuelle des espèces animales et végétales résulte d’un équilibre entre leurs capacités d’adaptation et les conditions du milieu. A la faveur d’un changement de ces conditions (nouveau climat par exemple), une espèce aura la possibilité de coloniser une zone géographique dans laquelle elle ne pouvait pas vivre auparavant. Elle pourra s'y développer et réaliser une invasion biologique.
Les activités humaines, en croissance constante, ont largement contribué à amplifier ce phénomène à l’échelle de la planète. De tout temps, l’Homme n’a cessé de voyager à la découverte de nouveaux territoires en emportant avec lui des semences, du bétail… et contribuant ainsi à propager les espèces sur des terres qu’elles n’auraient pas colonisées. L’avènement des grandes expéditions à partir du XVII ème siècle a permis la dispersion des espèces animales et végétales sur de grandes distances. Plus récemment la « mondialisation » a provoqué une augmentation des volumes d’échange et par voie de conséquence du nombre d’espèces échangées. Les raisons à l’origine des introductions délibérées ont cependant évolué. Auparavant introduites à des fins de production (agriculture, élevage, aquaculture, foresterie), les espèces allochtones sont de nos jours introduites à des fins ludiques esthétiques ou ornementales, voire scientifiques.
Considérées comme supportables par les écosystèmes, les premières introductions de nouvelles espèces et les invasions biologiques qui en découlèrent ont eu dans nos régions des effets relativement limités sur les milieux d’accueil (hormis certains cas comme l’Elodée du Canada). Cependant, l’augmentation fulgurante du nombre d’espèces introduites au cours des dernières décennies n’a pas permis aux écosystèmes d’adapter leur fonctionnement aux déséquilibres produits par ces espèces allochtones. Ceci est d’autant plus vrai que les activités humaines ont considérablement destructuré les milieux d’accueil, les rendant fragiles et vulnérables à l’ajout de nouvelles espèces particulièrement compétitives.

Les conséquences des introductions peuvent être dramatiques pour la biodiversité, la santé humaine et animale et les activités économiques. Les invasions biologiques représentent en effet la deuxième cause de la perte de biodiversité dans le monde après la destruction des milieux par l’Homme.
Les espèces qui sont introduites et qui se maintiennent dans leur écosystème d’accueil ne sont pas toutes à l’origine d’impacts sur la biodiversité ou sur les activités humaines. Cependant, certaines d'entre elles ne sont pas sans conséquences sur les milieux qui les accueillent et leur nombre ne fait qu’augmenter.

L’introduction d’une espèce allochtone peut conduire à une réduction de la biodiversité de son milieu d’accueil. C’est en particulier le cas des milieux insulaires: l’absence de prédateurs et de pathogènes procure à l'espèce introduite des avantages dans la compétition qui peuvent faire disparaître des espèces autochtones.

C’est pourquoi le principe de précaution tend à être appliqué aux nouvelles espèces introduites comme stipulé aujourd’hui dans plusieurs textes législatifs (par ex.: le Code de l'Environnement).

La Bretagne n’échappe pas aux invasions biologiques et le développement accéléré de populations d’espèces allochtones a déjà atteint sévèrement les activités économiques : secteur de la pêche touché par l’invasion de la Crépidule, ou comblement de plan d’eau par la Jussie, touchant la production piscicole.
De même, l’introduction de crustacés comme l’Ecrevisse de Louisiane ou de mammifères comme le Ragondin a conduit à une dégradation des écosystèmes aquatiques : remplacement et/ou prédation d’espèces autochtones, dégradation des berges des cours d’eau.
Pire encore, certains organismes ont été introduits avec leur parasites naturels. Ces parasites se sont développés dans les milieux d’accueil et ont infesté les autres espèces.
C’est souvent le cas pour certains poissons mais aussi avec les mammifères. L’exemple de la maladie aléoutienne est bien connu. Elle a été transférée aux populations autochtones de Mustélidés par les Visons d’Amérique porteurs du virus responsable de cette maladie.

Rédigé par Fabrice Pelloté (Inra), en collaboration avec Philippe Clergeau, Olivier Lorvélec et Michel Pascal (Inra), Jacques Haury (Agrocampus) et Sylvie Magnanon (CBNB).