Visitez aussi :
Logo

http://www.observatoire-biodiversite-bretagne.fr/especes-invasives/Flore-continentale/Invasives-averees/Le-Rhododendron-des-parcs-Rhododendron-ponticum

 

Dernière modification le 05 mai 2008


Le Rhododendron des parcs (Rhododendron ponticum)

Espèce européenne, le Rhododendron des parcs est en cours d'invasion en Bretagne et dans d'autres régions d'Europe du nord où il a été introduit pour ses qualités ornementales. L'invasion de cette plante a ceci de particulier qu'elle est particulièrement menacée dans ses aires d'origine situées dans le sud de l'Europe.


Description, origine et répartition géographique (1) : une espèce européenne

Surtout connu pour ses qualités décoratives, le Rhododendron des parcs provient du sud de l’Europe.

Description et classification
Le Rhododendron des parcs (Rhododendron de la Mer Noire ou Rhododendron pontique) porte le nom scientifique de Rhododendron ponticum L. Il en existe deux sous-espèces :

  • Rhododendron ponticum ssp. baeticum : reconnaissable à ses pédoncules floraux poilus et ses feuilles longues de 6 à 12 cm.
  • Rhododendron ponticum ssp. ponticum : les pédoncules floraux sont glabres et les feuilles longues de 12 à 18 cm.

Rhododendron ponticum appartient à la famille des Ericacées famille regroupant des plantes comme les Bruyères, l’Airelle, la Myrtille.

Rhododendron ponticum est un arbuste qui atteint une hauteur de 8 m.
La plante vit dans les forêts, les landes et les dunes, essentiellement dans les milieux acides.
Elle tolère les milieux moins acides mais s’y développe moins bien.
Elle supporte une température de - 17 °C à 26 °C.

Reproduction
Le Rhododendron des parcs se multiplie par reproduction sexuée. Il émet des fleurs roses de 5 cm environ dès l’âge de 10 à 12 ans.
La pollinisation est assurée par les insectes.
Les graines sont ensuite dispersées par le vent.

Le Rhododendron des parcs peut également se propager par multiplication végétative grâce à ses capacités de marcottage : les branches peuvent se replanter d’elles-mêmes, créer des racines et engendrer finalement une autre plante.

Origine et répartition
Le Rhododendron des parcs est originaire de Turquie et de la péninsule ibérique (Espagne et Portugal). Il fut introduit d’abord en Grande Bretagne à la fin du XVIIIème siècle et ensuite dans les autres pays européens dont la France.
Le principal motif de ces introductions multiples est l’horticulture. La plante est en effet très appréciée pour ses belles inflorescences roses ou violettes. Encore de nos jours, elle est cultivée dans d’innombrables jardins publics à partir desquels elle se propage dans les milieux naturels environnants.
Le Rhododendron des parcs forme dorénavant des populations pérennes dans les forêts, les landes, les dunes des pays dans lesquels il a été introduit.
Le Rhododendron a également introduit pour servir d’abri pour le gibier.

Les modalités d’apparition du Rhododendron pontique en Bretagne sont méconnues mais il ne fait aucun doute qu’il y fut introduit également pour l’horticulture.
Encore en début d’invasion, le Rhododendron des parcs forme ça et là des populations denses dans les quatre départements bretons (2) mais il semblerait que les zones colonisées ne soient pas encore bien répertoriées (3,4,5). Elles se situent souvent à proximité des jardins où l’espèce est plantée.

Le Rhododendron des parcs est considéré comme une espèce en danger dans son aire d’origine, au Portugal (6).

Le phénomène et ses effets : une espèce encore discrète

Encore discrète dans les milieux naturels de France et de Bretagne, le Rhododendron des parcs est doté de capacités de colonisation rapide. Les Britanniques en font actuellement les frais…

Capacité de colonisation
Le Rhododendron des parcs cache derrière sa beauté des attributs qui lui permettent de se développer très rapidement dans les milieux naturels :

  • Une forte production de graines (jusqu’à un million par arbuste)
  • Sa résistance au gel
  • Sa faible consommation par les herbivores
  • Sa faculté d’ombrage qui limite autour de lui le développement des autres végétaux
  • Une aptitude à émettre des rejets après une coupe
  • Une capacité de ses graines à germer avec très peu de lumière (dans les sous-bois par exemple)

Les nombreux jardins publics et privés sont des sources extrêmement importantes de propagules de cette espèce. Ils émettent continuellement des graines qui sont transportées par le vent.
En outre, la plante est vendue dans les jardineries et sur les sites internet spécialisés.
Par ailleurs, les importantes perturbations que l’homme a provoquées dans les forêts sont propices à l’installation du Rhododendron des parcs dans ces milieux.

Toutes les conditions sont donc réunies pour que le Rhododendron des parcs entame une invasion accélérée des milieux naturels.

Les nuisances occasionnées
En développant des populations denses, le Rhododendron des parcs provoque une baisse importante de la biodiversité.
En effet, il créé un ombrage important qui limite drastiquement le développement des autres végétaux. Après quelques mois, il se retrouve seul à occuper l’espace.

L’invasion est particulièrement importante en Grande Bretagne. Le Rhododendron des parcs provoque en effet un appauvrissement de la diversité des plantes herbacées et des mousses dont certaines ne poussent que dans les îles britanniques (1).
Le Rhododendron des parcs est soupçonné d’être un réservoir important pour le développement de champignons du genre Phytophtora. Ces champignons provoquent un dépérissement rapide des arbres qu’ils touchent (le Chêne, le Châtaigner) (7).

La Gestion du Rhododendron des parcs : ni suivi, ni action

Le Rhododendron des parcs ne fait pas encore l’objet de mesures pour contrôler ses populations dans notre région. Pourtant celles-ci existent, même si elles ne sont par parfaites…

En Bretagne, il n’a été pris aucune mesure de gestion pour contrôler ou éradiquer les populations de Rhododendron des parcs.
Cependant des méthodes de gestion existent et ont été utilisées en Grande Bretagne et en Irlande depuis 50 ans.
La coupe suivie de l’application d’un herbicide reste la méthode la plus efficace.
En raison des capacités de rejet à partir des souches, la coupe simple des troncs ne suffit pas pour éliminer les populations de Rhododendron des parcs. Il est nécessaire d’appliquer un herbicide sur les souches. L’application peut avoir lieu directement après la coupe ou bien quelques années après. Dans ce cas ce sont les feuilles qui seront visées.
Les herbicides les plus actifs sont le Glyphosate et l’Imazapyr mais il existe d’autres molécules plus ou moins efficaces.

Le traitement aux herbicides ne doit pas être utilisé à la légère. Ces produits sont peu sélectifs et subsistent longtemps dans la nature, provoquant d’autres problèmes écologiques.

Perspective et recherche : une recherche active chez nos voisins

En Angleterre, là où le Rhododendron des parcs engendre d’importantes nuisances, les scientifiques ont beaucoup étudié cette plante. Leurs études ont abordé les différents domaines des invasions biologiques.

Ecologie
Pour comprendre les mécanismes de l’invasion par Rhododendron ponticum, les scientifiques ont comparé différents caractères de la plante entre les zones d’origine (Turquie, Espagne et Portugal) et les aires d’introduction (Irlande et Angleterre).
Les insectes pollinisateurs et leur comportement ont été étudiés. Rhododendron ponticum peut être pollinisé par plusieurs espèces d’insectes selon le pays colonisé. En Irlande, ce sont les Bourdons qui participent activement à la pollinisation des fleurs de Rhododendron ponticum (8). La plante favorise le développement des Bourdons en leur procurant une source importante de nectar et les Bourdons permettent le développement rapide de Rhododendron ponticum en le pollinisant.
Il a été observé que ceux-ci transportaient plus de pollen en Irlande qu’en Espagne (9). Cette faible spécialisation dans la pollinisation de Rhododendron ponticum lui permet de s’adapter à toutes les espèces d’insectes pollinisateurs et donc de coloniser des zones géographiques différentes.

La dispersion des graines a également été étudiée. Celles-ci ne se propagent pas à plus de 10 m de l’arbuste en général (10). Une infime partie se propage à plus de 50 m.
Une équipe de scientifiques a remarqué que la plante germe et croît plus rapidement en Irlande, zone d’introduction de l’espèce (11). Ils tentent d’en fournir une explication en se basant entre autres sur des hypothèses d’hybridation de Rhododendron ponticum.

Au Portugal, les scientifiques pratiquent des essais de réintroduction de l’espèce dans son aire d’origine afin de maintenir ses populations (6).

Economie
En Angleterre, des bilans économiques de l’invasion par le Rhododendron pontique ont été réalisés afin d’estimer le coût des mesures de gestion. Les gestionnaires ont ainsi dépensé 670 924 livres sterling pour gérer cette espèce (12). Les auteurs de l’étude affirment qu’une plus grande somme serait nécessaire pour arriver à un contrôle optimal de l’espèce.

Si la plante n’a pas encore provoqué de nuisances fortes en Bretagne, il semble que celle-ci se plaise dans cette partie de la France. Elle s’est en effet développée plus rapidement que dans les autres régions. Il serait donc nécessaire d’y porter une attention particulière afin d’éviter une invasion aussi problématique que celle du Royaume-Uni.

Rédigé par Fabrice Pelloté (Inra) en collaboration avec Jacques Haury (Agrocampus-Inra).

Références

Ouvrages et publications

1. Müller S. 2004. Plantes invasives de France. 168p. Publications scientifiques du Muséum. Nancy
2. Conservatoire botanique national de Brest. 2000. Base Calluna: base de données sur la flore vasculaire de Bretagne, de Basse Normandie et des Pays de la Loire. Conservatoire botanique national de Brest. Brest
3. Diard L. 2005. La flore d'Ille et vilaine. 670p. Siloë. Laval
4. Philippon D. 2006. La flore des Côtes d'Armor. 566p. Siloë. Laval
5. Rivière G. 2007. La flore du Morbihan. 654p. Siloë. Laval
6. Almeida, R., Goncalves, S., and Romano, A. 2005. In vitro micropropagation of endangered Rhododendron ponticum L. subsp. baeticum (Boissier & Reuter) Handel-Mazzetti. Biodiversity and Conservation. Vol. 14 (5) - p.1059-1069.
7. Mabbett, T. 2005. Rhododendron ponticum, invasive weed or pretty flower. International Pest Control. Vol. 47 (4) -
8. Stout, J. 2007. Pollination of invasive Rhododendron ponticum (Ericaceae) in Ireland. Apidologie. Vol. 38 (2) - p.198-206.
9. Stout, J., Parnell, J., Arroyo, J., and Crowe, T. 2006. Pollination ecology and seed production of Rhododendron ponticum in native and exotic habitats. Biodiversity and Conservation. Vol. 15 (2) - p.755-777.
10. Stephenson, C., Kohn, D., Park, K., Atkinson, R., Edwards, C., and Travis, J. 2007. Testing mechanistic models of seed dispersal for the invasive Rhododendron ponticum (L.). Perspectives in Plant Ecology, Evolution and Systematics. Vol. 9 (1) - p.15-28.
11. Erfmeier, A. and Bruelheide, H. 2005. Invasive and native Rhododendron ponticum populations: is there evidence for genotypic differences in germination and growth? Ecography. Vol. 28 (4) - p.417-428.
12. Dehnen-Schmutz, K., Perrings, C., and Williamson, M. 2004. Controlling Rhododendron ponticum in the British Isles: an economic analysis. Journal of Environmental Management. Vol. 70 (4) - p.323-332.


Pour en savoir plus
British Wildlife, Conservation & Environmental Education

Great Britain Forestry Commission

Bulletin réglementaire de la Direction régionale de l’agriculture et de la forêt de Bretagne : le Phytophtora